Avec le contexte lié au coronavirus, votre magazine sera distribué dans votre boîte aux lettres dès que possible. Néanmoins, et parce que cette période semble propice à la lecture, nous vous invitons à le découvrir chaque jour… Rencontre aujourd'hui avec Lukas Moutarde, athlète ardennais de 23 ans qui pratique sa discipline en famille.
#5 Lukas Moutarde lancé vers les Jeux
Le sport, Lukas Moutarde l’a dans la peau depuis son plus jeune âge. Fils de professeurs d’Education physique et sportive, le Carolomacérien s’est essayé à de très nombreuses disciplines (basketball, football, gymnastique). Pendant plusieurs années, il a même jonglé entre le handball et le lancer de javelot, le tout à très haut niveau national. Ce n’est qu’après avoir remporté la médaille d’or du lancer de javelot aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de Nankin 2014 que l’athlète a finalement opté pour cette discipline. « C’était tellement incroyable de gagner ma première
grande compétition à l’autre bout du monde, devant plus de 27.000 personnes ! À mon retour, j’ai préféré arrêter le handball pour me consacrer uniquement au lancer de javelot et ainsi me donner toutes les chances de réussir dans ce sport. »
Un envol rapide mais maîtrisé
A partir de ce titre, tout s’est accéléré dans la vie du jeune sportif : il a fait ses débuts chez les Seniors à 19 ans seulement, a enchaîné les performances et a même effectué ses premiers lancers avec l’Équipe de France.
Le tout en suivant des études en kinésithérapie à Reims. Concilier vie d’étudiant et carrière de sportif de haut niveau lui réussit d’ailleurs plutôt bien puisqu’il continue d’empiler les titres nationaux (il vient de décrocher son neuvième titre toutes catégories confondues). Le plus marquant de tous fut sans aucun doute celui glané l’an dernier à Saint-Etienne. A l’issue de ce Championnat de France, le Carolomacérien a pulvérisé son record personnel (78,53 m) et marqué les esprits. « Devenir Champion de France chez les Seniors, alors que je n’étais encore qu’un junior, me motive énormément pour la suite. » Il faut dire que, dans une discipline peu pratiquée en France, être coaché par un père entraîneur national aide à franchir les obstacles.
Une grande complicité familiale
L’ancien licencié du Charleville-Mézières Athlétisme (ndlr : il est désormais à l’Athlétisme Metz Métropole depuis 2018) en est d’ailleurs certain : c’est cette relation père-fils qui fait sa réussite. « Je n’aurais jamais pu réaliser tout cela sans lui ! Je ne me verrais pas m’entraîner avec quelqu’un d’autre car on se connaît vraiment par coeur. »
Le tout en gardant les pieds sur terre : « Mes parents ne m’ont jamais poussé. Pour nous, le lancer est avant tout un amusement ! C’est pour ça que j’ai pris goût à ce sport. » Cet état d'esprit se retrouve également chez son frère cadet, Mathys, 16 ans, qui suit la même progression. En février dernier, il a décroché son premier titre de champion de France hivernal (catégorie cadets) avec un lancer à plus de 64 m. « J’adore le voir lancer mais c’est beaucoup plus stressant car je ne maîtrise pas du tout sa course ou son geste. C’est super de partager tout cela avec lui », apprécie Lukas, premier fan de son frère. Seule dissemblance notable entre les deux athlètes : Mathys est gaucher. Mais Frédéric Moutarde, entraîneur des deux champions, s’adapte. « C’est vraiment autre chose. Cette différence de main de lancer m’oblige à me remettre en question. C’est un très beau défi pour nous tous ! »
De Paris...à Paris
Des défis à relever, Lukas Moutarde n’en manque pas. Il ne s’en cache pas, l’objectif principal de sa saison est de participer aux Championnats d’Europe d’Athlétisme qui auront normalement lieu à Paris du 25 au 30 août prochains. « Prendre part à mes premiers championnats d’Europe à deux heures de la maison serait vraiment génial ! »
S’il pense, dans un coin de sa tête, aux Jeux Olympiques de Tokyo (ndlr : prévus initialement cet été, les Jeux de Tokyo sont reportés d'un an, a annoncé le Comité international olympique le 24 mars dernier), Lukas l’affirme déjà clairement : il vise l’olympiade suivante. « Les JO, c’est le rêve et le point d’orgue de la carrière d’un athlète ! En 2024, je serai en plein dans mon pic de forme. Cela fait déjà deux ou trois ans que je sais que ça va être surement le moment le plus important de ma vie de sportif. » Et qui sait, pour quoi ne pas vivre ce moment en compagnie de son frère. De quoi se donner le droit de rêver en famille… et en toute décontraction.
ALLER + LOIN Dominé par les Allemands ou les Finlandais, le lancer de javelot reste assez confidentiel en France. Lukas Moutarde, qui connaît très bien l’histoire de son sport, souhaite devenir un de ses ambassadeurs afin de le faire connaître au grand public. « On n’a pas une culture du javelot forte en France. Quand on entend athlétisme, on pense tout de suite au sprint ou à la course de fond. C’est compliqué de faire aimer un sport sans podium. » Lukas, qui fait déjà partie des 15 meilleures performances de tous les temps avec son record personnel, souhaite ainsi relever le défi. « J’ai très envie d’empiler les podiums mais aussi de faire tomber le record de France (82,56 mètres) car ce n’est pas normal que, trente ans après, celui-ci tienne toujours ! Je sens que je l’ai dans les bras. » |
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