Sur les planches de la salle de spectacles Louis-Jouvet de Rethel, des bénéficiaires du RSA et des travailleurs sociaux se sont initiés au théâtre, ensemble, tout au long de l'année. Une action collective issue de la Politique de la Ville à laquelle s'est associée le Département.
« Respirer, écouter, prendre la parole, trouver sa place dans un groupe et faire de tout ça un jeu… ça s’appelle faire du théâtre ! » C’est ainsi que les Tréteaux de France, Centre Dramatique National Itinérant, présentent cette démarche qui s’inscrit dans le cadre de la Politique de la Ville et est financée par l’Etat-Commissariat Général à l’Égalité des Territoires et le Théâtre Louis Jouvet de Rethel.
Depuis leur création en 1959, les Tréteaux de France s’engagent pour une éducation citoyenne par l’art qui enrichit l’imaginaire individuel et collectif des publics. La Direction Solidarités et Réussite du Conseil départemental a choisi de collaborer à cette initiative valorisante en orientant ses publics vers 9 séances d’ateliers jeux proposées à Rethel.
« Nous avons fait le choix d’être ensemble, public et travailleurs sociaux », souligne-t-on côté Direction Solidarités et Réussite du Département. L’occasion de changer le regard de chacun sur le professionnel du secteur social et sur l’usager. La relation s’en trouve ainsi renouvelée et enrichie.
« Avant la première séance, on était un peu inquiets et timides… Maintenant, on se lâche ! », sourit l’une des habituées. « J’ai appris à mieux gérer mon anxiété », pose Anthony, un autre participant. « Ce qui marche, c’est de se frotter aux situations pour apprendre à les gérer », confirme Henry Payet, comédien qui co-anime ces ateliers avec sa consœur Nadine Darmon.
Victoires individuelles et collectives
Chaque séance débute par un échauffement, ponctué d’exercices de souffle. « Marchez tranquillement, respirez, formez peu à peu un cercle… » A chaque nouvel exercice, les deux comédiens expliquent : « compter les temps d’inspiration et d’expiration permet de maîtriser sa respiration et donc ses émotions », « voici une petite technique pour ne pas se faire mal quand on crie », « en s’exerçant régulièrement, contrôler sa respiration devient un automatisme »…
Ensuite, le contenu est très différents à chaque fois, mêlant petits jeux de rôle, improvisations à deux, trois ou quatre jusqu’à la prise de parole. Apprendre à entrer en relation avec les autres, à se déplacer dans un espace réduit, à poser sa voix…
« Nous sommes partis des besoins des participants, indique l'équipe de la Délégation Territoriale des Solidarités Sud Ardennes. Nous avons pris le temps de la réflexion en amont pour savoir où nous voulions aller. » Les participants ont ainsi été identifiés par les CLI (Correspondants Locaux d’Insertion) et les Référents Uniques RSA. Au fil des sessions, un petit groupe s’est formé. Lors de la dernière séance, plusieurs mamans ont même amené spontanément leurs enfants pour « leur montrer ».
Une dame parle un tout petit peu la langue, un homme avait du mal à rester en société, certains sont timides ; d’autres très expansifs. Mais tous apportent et donnent dans ces temps de rencontre. Ponctuées d’éclats de rires et de petites victoires individuelles et collectives, ces séances réparent peu à peu une confiance en soi que des parcours souvent difficiles ont abîmée. Comme l’affirment les travailleurs sociaux investis dans cette action : « Ce sont les prémices d’un parcours d’insertion ».
