L'équipe du secteur Ronde-Couture 1 de la Maison des Solidarités Ferroul anime un projet de prévention sur l'utilisation des écrans dans les établissements scolaires de son secteur. Un temps d'échange privilégié avec des parents pour sensibiliser à l'importance du jeu et de l'échange avec les enfants, dès le plus jeune âge.
« Chacun de notre côté, nous constations les dégâts des écrans sur les enfants que ce soit des dessins très pauvres en bilans en école maternelle, des langages faibles ou des troubles du comportement en général, explique Floriane Petit, puéricultrice de PMI (Protection Maternelle et Infantile) du CD08 et référente du projet. En 2017, des directrices d'école ont interpellé les puéricultrices de PMI sur ce sujet. » « On était aussi face à des enfants qui ne savent pas jouer et des parents qui ne jouent pas avec eux », ajoutent ses collègues éducateurs en Aide Éducative à Domicile (AED).
Face à ces constats alarmants, les professionnels ont souhaité proposer une démarche de prévention primaire, axée en priorité vers les plus jeunes enfants, dès la maternelle.
Comment faire autrement ?
L'équipe de la Ronde-Couture a ainsi commencé à intervenir dans les écoles avant la période Covid. L'impact de la crise sanitaire et du confinement n'a fait que renforcer les besoins. Plusieurs professionnels ont complété leurs connaissances via une formation CNFPT sur les dangers des écrans pour les 0-3 ans et les interventions en école ont repris en 2023.
Objectifs : sensibiliser les parents à l'impact de l'exposition aux écrans sur le développement global des enfants et instaurer un dialogue autour du « comment faire autrement ».
Chaque intervention réunit autour de parents invités une puéricultrice de PMI, un ou une assistant(e) social(e) et un ou une éducateur(rice) en AED issus de l'équipe du secteur Ronde-Couture 1 de la Maison des Solidarités. « On commence par diffuser un film issu de l'émission "Les maternelles", sur les écrans et leurs effets, puis on leur demande leur avis et on échange sur les aspects aussi bien positifs que négatifs des écrans », explique Marie Petit, assistante de service social. « L'idée, c'est de les faire parler au maximum et de ne pas les culpabiliser », souligne Erick Chenot, éducateur en AED.
« Etre en lien avec son enfant »
Après ces discussions, souvent très riches et durant lesquelles les parents partagent leurs expériences, la séance se termine autour d'une « bourse aux idées » pour limiter les écrans et utiliser d'autres ressources. « Au cours de l'intervention, on évoque les jeux avec ses enfants et on présente la ludothèque du centre social SARC (Social Animation Ronde-Couture), détaille Floriane Petit. Pour compléter, on emmène ensuite les familles visiter la ludothèque un mercredi... » « Le jeu permet de développer ses 5 sens quand les écrans n'en mobilisent que 2, l'ouïe et la vue ! » renchérit Erick Chenot.
En outre, le jeu se pratique collectivement. « Un enfant se développe et développe ses connexions cérébrales en manipulant, en imitant ses copains... Le jeu permet aussi cela ! » L'équipe rappelle aussi que le jeu peut prendre de multiples formes : faire un gâteau, chanter des comptines, apprendre à bricoler... Avec un seul mot d'ordre au final : partager du temps avec son enfant et de vrais échanges, être en connexion. « Il faut tout simplement revenir aux fondamentaux : être en lien avec son enfant ! »
Autre thème abordé : la relation des parents aux écrans. « L'adulte est un exemple pour l'enfant. Cela implique qu'il doit aussi lui montrer qu'on peut poser les écrans pour faire autre chose... », souligne Céline Foulon, éducatrice en AED. « Mais là encore, il n'y a pas de jugement, précise Erick Chenot. On accueille la parole des parents. On est tous confrontés aujourd'hui à ces questions et à ces choix ! »
La rencontre se conclut autour de la remise de supports pour continuer d'accompagner les familles. « On distribue des documents sur la règle des 3-6-9-12 de Serge Tisseron en français, en arabe et en turc », indique ainsi Floriane Petit, puéricultrice de PMI.
« Les parents sont plus avertis aujourd'hui qu'il y a cinq ans, il y a une véritable prise de conscience des effets des écrans sur les enfants, note Marie Petit. Et ces effets sont réversibles ! Rapidement, en stoppant les écrans, ils peuvent cesser ! »
L'équipe de la Maison des Solidarités va donc poursuivre ses interventions dans les écoles du secteur mais aussi en haltes-jeux et en garderies pour toucher en priorité les tout-petits. Comme le conclut Floriane Petit : « Les premières années de vie sont primordiales, c'est important de mettre toutes les chances du côté de l'enfant ! »