Du 3 au 6 avril, des sessions de formation sur les violences intrafamiliales étaient organisées à la Maison des Solidarités de Revin. L’adjudante-cheffe de gendarmerie, Laetitia Masana, commandant la Maison de la Prévention et de Protection des Familles des Ardennes, a présenté ses missions à des équipes de professionnels du CD08.
Le 6 avril dernier, 15 travailleurs sociaux étaient présents pour participer à ce temps de formation : sage-femme, éducatrice en suivi de placement, assistante sociale ou encore infirmière-puéricultrice. Confrontés dans leur quotidien professionnel à des situations de violences intrafamiliales, les agents ont pu échanger autour de cette thématique.
« Le repérage des violences intrafamiliales est un sujet d’actualité plus que prégnant, dans le contexte actuel. Face aux chiffres alarmants des violences, le travail en amont autour de la prévention est plus qu'essentiel », explique Laetitia Masana.
Pour rappel, la Maison de Prévention et de Protection des Familles des Ardennes (MPPF08) a été créée le 1er août 2020. Elle a pour mission principale la prévention auprès des publics les plus vulnérables. Elle appuie les unités territoriales de la gendarmerie, notamment avec l’accompagnement des victimes et les auditions des mineurs. Dans ce cadre, elle entretient des liens privilégiés avec les Intervenants Sociaux en Gendarmerie.
Agir ensemble
De son côté, le Département, en tant que chef de file territorial en matière d’aide sociale, d’autonomie des personnes et de solidarité des territoires, s’emploie à animer et coordonner l’action sociale territoriale. L’année dernière, une convention cadre de partenariat visant à conduire des actions communes entre le Département et la MPPF08, au profit des publics communs ciblés (personnes âgées, personnes en situation de handicap, collégiens…) a été établie. Objectif : permettre un meilleur repérage et accompagnement des victimes et co-victimes de violences notamment intrafamiliales.
« La formation a débuté par une présentation des missions de la MPPF08 : l’audition de mineurs et d’adultes, l’accompagnement jusqu’au dépôt de plainte, mais aussi tout le volet prévention avec l’organisation d’événements pour les scolaires, la création d’actions grand public pour inciter à la libération de la parole (ndlr : en septembre 2020, un violentomètre était édité sur des sachets de pain dans des boulangeries partenaires, suite au confinement).
Puis, un rappel sur le cycle de la violence, les types de violences existantes (physiques, sexuelles, économiques, religieuses…) et les conséquences engendrées (stress post-traumatique, isolement, mécanisme de défense du cerveau …) a été fait. Des agents du CD08 ont d’ailleurs souligné le fait que les violences existaient également chez les personnes âgées, suite à l’apparition de troubles cognitifs qui compliquent le quotidien.
Ensuite, Laetitia Masana a listé les qualités attendues chez un gendarme qui auditionne une victime : l’écoute, l’absence de jugement, la neutralité, l’empathie, tout en se préservant pour ne pas tout absorber. « Au CD08 il n’y pas de cellule supervision, mais les réunions d’équipe permettent d’échanger. Et même au quotidien, on a l’écoute et le conseil de ses collègues sur telle ou telle situation. C’est essentiel ! » précise l’une des professionnelles de la collectivité.
Mais pour l’adjudante-cheffe, le travail le plus important reste celui d’inciter la supposée victime à parler et à prendre conscience que ce qu’elle vit n’est pas normal. « Lors de vos entretiens avec vos différents publics, il est important de ne plus se censurer, de briser l’omerta et d’oser poser des questions. La personne ne répondra pas forcément tout de suite mais cela peut déclencher quelque chose chez elle. »