Le 30 mars dernier s’est déroulée à Nismes en Belgique une journée dédiée à l’autisme à laquelle a participé un public venu de part et d’autre de la frontière. A l’occasion de la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme, ce 2 avril, zoom sur le projet transfrontalier Resaliance, novateur dans l’accompagnement des personnes vivant avec l'autisme.
Etre autiste, c’est vivre dans un monde dont on n’a pas les clés. Où l’incompréhension et la confusion rendent compliqué les relations sociales à l’école, dans le monde du travail et bien entendu, au sein de la sphère familiale.
Le projet transfrontalier Resaliance a été créé pour justement apporter aux personnes, enfants et adultes, vivant avec autisme, à leur famille et à leur environnement, des outils et des méthodes adaptés, afin d’améliorer leur qualité de vie. Inauguré officiellement en 2019 dans les Ardennes françaises (au Centre de Congrès des Vieilles-Forges, le Conseil départemental est partenaire de Resaliance), ce projet soutenu par le programme de coopération transfrontalière Interreg, est porté par l’Institut Albatros, un centre d’accueil pour adultes en situation de handicap mental situé à Petite-Chapelle en Belgique, qui a été désigné opérateur chef de file. Son « petit frère » ardennais, Albatros 08, situé à Montcornet, est quant à lui référent pour le territoire français. Sa directrice, Annie Demissy, revient sur les origines de Résaliance : « Au sein de notre foyer de vie, nous accueillons beaucoup de personnes autistes. Nous étions de plus en plus sollicités, nous avons donc fait des agréments pour obtenir auprès des autorités compétentes plus de places d’accueil et petit à petit, avec Alain Dambroise, le directeur de l’Institut Albatros en Belgique, nous avons fini par monter un projet transfrontalier dédié à l’autisme, en proposant de l’accompagnement, de la formation et de l’information. Il nous paraissait intéressant d’avoir cette dimension transversale, de l’enfant à l’adulte, avec des difficultés importantes ou Asperger, et de partager les connaissances de part et d’autre de la frontière. »
Une journée d’échanges dédiée à l’autisme
Le 30 mars dernier, quelques jours avant la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme (le 2 avril), Resaliance présentait son bilan à mi-parcours au Centre culturel Régional de Viroinval, à Nismes en Belgique. L’occasion pour près de 200 personnes venues de France et Belgique de participer à une conférence ponctuée de témoignages et d’interventions, ainsi qu’à des ateliers de sensibilisation et de mise en situation. Parmi les participants, des élus du Conseil départemental (Anne Dumay, Première Vice-présidente, Brice Fauvarque, Vice-président, en charge de la coopération transfrontalière), ainsi que des représentants de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), dont sa directrice Sabine Nicolas. Invitée à prendre la parole en ouverture de la Journée, Anne Dumay a tenu à souligner que les actions menées par l’Institut Albatros et Albatros 08 sont « Une réussite dans le champ du handicap et un modèle de coopération transfrontalière. Il faut placer la personne au cœur du dispositif, car ce n’est pas à elle de s’y adapter. Le Conseil départemental est fier de soutenir et d’accompagner le projet Resaliance. »
Accompagner, informer et former
Sur scène ou parmi le public, les témoignages s’enchaînent. « Le parcours de vie de ma fille a été le suivant : Val-de-Marne, Essonne, Indre, à nouveau Val-de-Marne, puis Belgique, au sein de l’Institut Albatros avec, enfin, une prise en charge adaptée pour elle, tient à partager un papa originaire de région parisienne. Resaliance, c’est un projet extraordinaire, novateur, qu’il faudrait décliner partout. »
Autre intervention, celle de Catherine Tresse-Daquin, auteure de plusieurs ouvrages sur l’autisme, qui a souhaité mettre un coup de projecteur sur l’importance de l’accès à la culture et les difficultés rencontrées dans le monde du travail. Convaincue que « la culture leur permet d’élargir leur monde », elle emmène régulièrement des groupes en visite au musée du Louvre. Sur le monde du travail, son constat est encore sévère : » On s’arrête souvent sur l’autisme avant même de voir la personne ou ses compétences. »
Resaliance ambitionne justement d’apporter les solutions qui vont permettre d’améliorer le cadre de vie et l’environnement des personnes vivant avec autisme. « Nous travaillons avec les parents sur les problématiques qu’ils rencontrent, reprend Annie Demissy. Ça peut être le sommeil, l’alimentation, on peut aussi mettre en place un jeu des rôles pour par exemple préparer un rendez-vous chez l’orthodontiste… Améliorer le quotidien de la personne autiste et ça peut rapidement aussi changer la vie des proches ! »
L’autismothèque, pour faciliter le quotidien
Resaliance est aussi un centre de ressources autour de l’autisme. A ce titre, l’autismothèque propose des outils au service du confort de base de la personne autiste et de son environnement pour s’étendre à tout ce qui peut servir dans sa vie quotidienne, 24h/24. Les personnes concernées peuvent tester les ressources (objets, matériel…) et ce, préalablement à leur acquisition.
« J’ai vu des familles dépenser des fortunes jusqu’à trouver la petite cuillère adaptée à leur enfant. L’autismothèque est une solution pour éviter ce genre de situation », explique Annie Demissy.
A noter que l’autismothèque fera halte dans les Ardennes à la médiathèque de Rocroi le mercredi 6 avril.
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