La Bibliothèque Départementale des Ardennes (BDA) propose chaque année une offre pédagogique aux établissements scolaires ardennais à travers des Projets Artistiques Globalisés, les fameux « PAG ». Malgré les aléas de cette deuxième année scolaire « Covid », deux classes de 6e et CM2 du site scolaire d’Attigny font connaissance avec deux artistes ardennais, l’écrivain André Dhôtel et la plasticienne Julie Faure-Brac.
André Dhôtel disait qu’il apprenait de ses élèves. 120 ans après sa naissance, revoici l’écrivain ardennais dans les salles de classe d’Attigny. Depuis le début du mois de mai, une exposition itinérante « Regard sur André Dhôtel » lui rend hommage dans l’un des halls du site scolaire et un Projet Artistique Globalisé (PAG) invite 2 classes de 6e et de CM2 sur ses traces.
L’idée a germé à la Bibliothèque Départementale des Ardennes : chaque année, l’équipe du CD08 organise 3 à 4 Projets Artistiques Globalisés dans différents établissements scolaires ardennais, sur la littérature jeunesse, la bande dessinée, les comics... « Nous choisissons les thématiques et les intervenants puis nous accompagnons le PAG et les élèves tout au long de l’année, expliquent Sophie Barreaud et Corinne Dufrenois, de la BDA. Pour 2020-2021, nous voulions vraiment faire quelque chose sur André Dhôtel. »
Encore fallait-il donner à voir et comprendre à des enfants un univers littéraire parfois complexe. Pour relever ce défi, la BDA a choisi la plasticienne et sculpteuse ardennaise Julie Faure-Brac, dont l'univers pétri de nature et de poésie s'accorde tout particulièrement bien avec les mots de Dhôtel.
Petits cahiers d’écoliers
Le résultat est une série de modules élégants aux formes et aux techniques variées : gravure de textes sur bois ou sur zinc, herbier en cubes peints, valises remplies de théâtres d’ombres… Au fil de l’exposition, on rassemble peu à peu les éléments d’un double portrait : celui d’André Dhôtel, son œuvre et ses chers paysages ardennais. Celui de Julie Faure-Brac aussi et son goût du détail et de la poésie. « J’ai beaucoup travaillé sur l’œuvre de Dhôtel avant de démarrer, explique l’artiste. J’y ai trouvé un véritable écho à ma propre sensibilité, sur la nature, sur les petites choses qui ne se voient pas, sur les touches de merveilleux qu’il met dans le monde réel… »
Julie Faure-Brac interviendra 6 fois 2 heures dans chacune des deux classes impliquées dans le PAG. L’occasion de présenter son œuvre et ses techniques : « Je partage des choses avec les élèves et j’ai un retour. C’est un véritable échange et ça enrichit ma pratique. » Les élèves toucheront ainsi du doigt la gravure, le dessin, la peinture, tout en partant à l’assaut des textes d’André Dhôtel.
Grâce aux Archives départementales des Ardennes, ils découvriront même les véritables manuscrits de l’écrivain ardennais, petits cahiers d’écoliers couverts de ratures. « Nous avons 39 de ses écrits, récupérés grâce à son fils François Dhôtel », indique fièrement Frédérique Laverrière, responsable du Pôle Valorisation des Archives départementales, qui aidera les élèves à décrypter ces morceaux d’histoire.
Une richesse et une ouverture
Côté enseignants, l’enthousiasme est partagé : « Un PAG crée de la cohésion dans la classe, c’est très positif pour les élèves, ce sont des bons souvenirs, surtout dans une année scolaire décousue comme celle que nous vivons », commente Christelle Venner, l’enseignante de français des 6e 3. Sa collègue d’arts plastiques, Isabelle Clément, renchérit : « On amène des œuvres à l’intérieur du collège, pour un public qui ne va pas forcément au musée. Faire venir l’art dans l’établissement, faire rencontrer une personnalité, un univers aux élèves, leur permettre de poser des questions, c’est une richesse, une ouverture. »
« Le but de ce projet, c’est de vous faire découvrir l’œuvre d’André Dhôtel et mon univers en tant qu’artiste, a posé Julie Faure-Brac en préambule de la première séance. L’exposition qui est installée aujourd’hui dans votre collège est un mélange de nos deux univers : un univers littéraire et un univers plastique. » Et c’est surtout la meilleure façon de montrer aux jeunes Ardennais que, sur leur territoire, des artistes ont vécu et des artistes vivent encore.