Au moment où débutent les Championnats d'Europe d'aviron, rencontre avec Lou-Anne Caniard, une Ardennaise qui a fait de ce sport sa discipline de prédilection.
Née en 2002, Lou-Anne Caniard a découvert l’aviron dans le cadre d’une initiation proposée aux classes de 6ème du collège Rimbaud de Charleville-Mézières par le Club Nautique de Charleville-Mézières (CNCM).
Un sport, une révélation
Celle qui ne connaissait pas la discipline quelques jours auparavant est immédiatement repérée par les intervenants en raison de ses performances sur les ergomètres [ndlr : appareil d’entraînement servant à mesurer le travail musculaire et la force "brut"]. Conquise par ce sport qui allie puissance et technique, cette chalengeuse dans l’âme s’inscrit dans la foulée au CNCM… directement en section compétition. Un an plus tard, la néo-rameuse se dirige vers l’Aviron sedanais où elle connaît des débuts pour le moins renversants. "Lors de mon premier entraînement en skiff [ndlr : bateau
monoplace], je me suis retournée dans la Meuse. Mais je n’ai rien lâché et ai fini la saison au Championnat de France où j’ai terminé 6ème."
Preuve de sa motivation, c’est en vélo – par la Voie verte Trans-Ardennes – que Lou-Anne Caniard effectue régulièrement les 30 kilomètres qui sépare son domicile de Montcy-Notre-Dame de son lieu d’entraînement. Un investissement aussitôt remarqué par l’entraîneur de l’Aviron sedanais, Clotilde Averlant : "Peu de sportives ont atteint ce niveau aussi rapidement. Elle a une force de caractère et une motivation à toute épreuve qui l’ont forgée et qui font, depuis ses débuts, la différence avec les autres compétitrices."
Une ascension fulgurante
Cet itinéraire l’a amenée, dès l’été 2018, à intégrer le Pôle Espoir de Nantes. Et l’athlète ardennaise, qui suit en parallèle les cours de Licence de Sciences de la Vie (option Santé), a réussi son envol. Dès sa première année, elle enchaîne les performances chez les Juniors : Championne de France en deux sans barreur, Vice-championne d’Europe et 5ème aux Championnats du Monde de Tokyo en quatre barré. Pour atteindre ce niveau, celle qui est soutenue financièrement par le Conseil départemental parcourt alors, chaque semaine, près de 120 kilomètres sur l’eau. Son but : trouver le geste parfait et les sensations idéales pour ne faire plus qu’un avec l’embarcation.
Des succès qui n’empêchent toutefois pas celle qui est également devenue Vice-championne du Monde d’aviron indoor [ndlr : compétition sur ergomètre] en 2020, de rester très attachée à son département. "J’avais le choix de changer de club mais j’ai préféré garder ma licence à Sedan."
"C’est une fierté de pouvoir porter haut les couleurs des Ardennes !"
Autre signe du lien indéfectible qu’elle entretient avec son territoire : la sportive a passé le premier confinement dans le 08. Un temps ressourçant et bienvenu pour elle : "Cela m’a permis de voir ma famille et de travailler sur moi-même. En vivant cette période dans le département, j’ai ainsi pu recharger complètement les batteries."
Le succès au bout de la palette
Un pari qui a payé puisque la rameuse ardennaise est devenue, quelques mois plus tard, Championne d’Europe Junior à Belgrade en quatre sans barreur [ndlr : Lou-Anne Caniard -troisième en partant de la gauche sur la photo ci-dessous - faisait partie de l'équipage avec Marion Chagnot, Ruxandra Botezatu et Noémie Sepe.]A l’arrivée des 2.000 m de la finale et à l’issue d’une saison éprouvante, des cris de joie se sont alors élevés du bateau : "Au moment où nous avons franchi la ligne et avons vu que nous étions Championnes d’Europe, c’était vraiment magique !", s’exclame Lou-Anne. Si ce résultat figure en haut d’un palmarès bien rempli, la Nantaise d’adoption voit d’ores-et-déjà plus loin.
"Les Jeux olympiques de Paris 2024 arrivent à grand pas et me font vraiment rêver. J’ai envie de me donner tous les moyens pour atteindre ce but."
Preuve de sa réussite actuelle, elle fait désormais partie du Pôle France de Nantes et a été retenue pour participer à son premier Championnat d'Europe Seniors du 9 au 11 avril 2021 à Varèse [ndlr : en quatre sans barreur aux côtés d'Emma Cornélis, Adèle Brosse et Maya Cornut]. Ces convocations successives confortent la jeune athlète dans ses choix de carrière. "Depuis que je suis à Nantes, j’ai vraiment bien progressé, notamment sur le plan technique. Mais je sais qu’il me reste encore de nombreux points à travailler, à commencer par la régularité et la lucidité."
En les identifiant, elle semble déjà avoir fait une partie du travail. L’horizon jusque 2024 est ainsi plus que jamais dégagé.
Crédit photographique : Damien Lataste
Aller + loin
L’aviron est une discipline qui a comme particularité d’être à la fois individuel et collectif. Lou-Anne Caniard le précise : "C’est un sport concurrentiel puisque nous sommes tous en compétition lors de tests individuels qui permettent de composer des équipages qui seront en lice lors des grosses compétitions internationales. Tout le monde veut se faire une place mais l’ambiance est bonne puisque nous sommes finalement tous amenés, à un moment donné, à ramer avec nos adversaires de la veille."
Un vrai travail d’orchestre dans lequel chacun a un rôle précis à jouer. Dans ces embarcations, l’athlète ardennaise joue souvent une partition complète dans laquelle elle laisse parler sa puissance et son explosivité. Une mécanique bien accordée qui permet à l’ensemble d’éviter les fausses notes et de rayonner sur les plans d’eau.