Avec l’appui du Conseil départemental, le Parc Naturel régional des Ardennes a lancé une démarche pour analyser la qualité de l’eau du lac des Vieilles-Forges et de ses affluents. A terme, l’objectif est bien de mettre en place un programme global de surveillance complémentaire à celui effectué au cours de chaque saison estivale.
Depuis quelques années, les cyanobactéries (ou algues bleues) se développent de plus en plus dans les lacs, poussant les gestionnaires, par mesure de sécurité, à interdire l’accès à la baignade. Afin de mieux comprendre leur développement et d’anticiper les actions à mettre en œuvre pour éviter leur prolifération, le Parc Naturel Régional des Ardennes, en collaboration avec le Conseil départemental, a décidé de réaliser des analyses de la qualité de l’eau du lac, mais aussi de ses affluents.
Un diagnostic complet pour aider à la prise de décision...
C’est dans ce cadre qu’interviennent l’Agence de l’eau Rhin Meuse (par ailleurs principal financeur de cette démarche) et deux cabinets d’études mandatés par le PNR. « La formation de cyanobactéries est un phénomène naturel, tient à rappeler Pierre-Olivier Lausecker, Chargé d'études Milieux humides au sein de l’Agence de l’eau Rhin Meuse. Elles apparaissent lorsque plusieurs conditions sont réunies : manque d’eau, fortes chaleur et surtout, manque d’oxygène, car c’est une de leur particularité, elles n’en ont pas besoin pour se développer. Une fois qu’on aura identifié la source, on pourra agir. Nous allons donc réaliser un diagnostic complet et proposer un plan d’actions. En tout cas, le phénomène n’est pas nouveau et ce qui se passe au lac des Vieilles-Forges arrive de plus en plus à d’autres lacs en France. »
Pour cela, une étude a été commandée par le PNR dans le but de comprendre le fonctionnement du lac et de mesurer l’évolution de la qualité de l’eau. Et ce, tout au long de l’année et pas seulement en amont et au cours de la période estivale. « En tant que gestionnaire du site et notamment d ela baignade surveillée, le Département effectue au début et pendant chaque saison estivale des analyses règlementaires de la qualité de l’eau sous couvert de l’ARS (Agence Régionale de Santé) par un laboratoire indépendant, détaille Quentin Noaillon, Chargé de Coordination des grands projets au CD08. Là, c’est une tout autre démarche qui s’inscrit dans la durée. »
Pour ce faire, des prélèvements d’eau et des analyses à des endroits stratégiques du site ont été réalisés. Les techniciens du cabinet d’études mandaté ont identifié 8 points de prélèvements (4 pour les affluents du lac, 1 au niveau de l’exutoire, 3 autres dans la zone de baignade). Avec sa perche de jaugeage, René Hauter, du bureau d’études Gestion Hydro, mesure la profondeur du ruisseau et note le débit de l’eau. « Il nous faut un linéaire le moins perturbé possible. Ici, c’est assez constant, c’est donc exploitable pour nous », détaille le technicien.
En parallèle, une étude des sédiments accumulés au fonds du lac sera réalisée. « Cette analyse permettra de déterminer la quantité de nutriments présents dans le lac et donnera des indications précieuses sur son histoire », commente Coralie Thuillier, chargée de mission zones humides au PNR.
Cette étude a été confiée à Camille Dory, étudiante en 2ème année de Master Gestion des milieux aquatiques, Restauration et Conservation à l’Université de Lorraine, qui effectue une mission de 6 mois au sein du PNR. « Je vais chercher à déterminer comment le lac évolue, en termes de qualité. Pour cela, je vais analyser l’accumulation de sédiments qui se trouvent au fond. Par exemple, une trop grosse accumulation peut participer à au manque d’oxygène global de l’eau et donc participer à la formation des cyanobactéries. Je m’appuierai aussi sur les données collectées les années précédentes. Eventuellement, je pourrais réaliser une bathymétrie, c’est-à-dire une cartographie souterraine du lac. »
... et garder le lac en bonne santé
Pour Céline Davril-Bavois, directrice du PNR, « Ce diagnostic de l’agence servira de base pour établir un programme d’actions sur plusieurs années, en concertation avec les partenaires privés et publics. L’objectif est d’anticiper les mesures permettant de garder le lac en bonne santé, tout en répondant aux enjeux à la fois environnementaux et touristiques. »
De son côté, Quentin Noaillon estime que « Cette démarche sur le lac des Vieilles-Forges est novatrice. Nous proposerons prochainement de l'étendre au lac de Bairon, également géré par le Conseil départemental, et pourquoi pas imaginer de le proposer aux collectivités locales gestionnaires des autres lacs des Ardennes. »